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VOTE ELECTRONIQUE

Chiffrement homomorphe : fondement d’un vote électronique sécurisé

 

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RH cherchant à recourir au vote électronique pour leurs élections du CSE.

À mesure que les élections se dématérialisent, la question de la confidentialité et de la vérifiabilité du vote devient centrale. Dans cet environnement numérique, le chiffrement homomorphe s'impose comme une technologie de rupture, capable de concilier secret du vote et intégrité des résultats. Si son potentiel est immense, sa mise en œuvre reste complexe et son adoption progressive. Plongée dans une avancée cryptographique au service de la démocratie.

 


 

Résumé de l'article

  • Le chiffrement homomorphe permet de traiter les votes sans jamais les déchiffrer, assurant une confidentialité totale du scrutin.
  • Inventé en 2009 par Craig Gentry, ce type de cryptographie permet des calculs complexes directement sur des données chiffrées.
  • Il garantit le secret du vote, l’intégrité des résultats et une vérifiabilité rigoureuse, sans compromettre l’anonymat des électeurs.
  • Associé aux preuves à divulgation nulle de connaissance (ZKP), il constitue la base des systèmes de vote vérifiables de bout-en-bout.
  • Sa mise en œuvre reste complexe et coûteuse, mais les progrès en puissance de calcul et en bibliothèques cryptographiques accélèrent son adoption.
  • Le chiffrement homomorphe devient aujourd'hui le standard pour des élections électroniques sûres, transparentes et incontestables, à l'instar de la solution de People Vox.

 


 

Aux origines d’un concept visionnaire

L'idée d’un chiffrement permettant d’effectuer des calculs sans accéder aux données en clair remonte à 1978. Cette année-là, Ron Rivest, Leonard Adleman et Michael Dertouzos – déjà célèbres pour l’algorithme RSA – publient un article théorique sur les "Privacy Homomorphisms". L’intuition est là, mais les outils mathématiques et les puissances de calcul manquent encore.

Il faudra attendre plus de 30 ans pour que cette intuition devienne une réalité concrète. En 2009, Craig Gentry, chercheur chez IBM, présente le premier schéma de chiffrement pleinement homomorphe (Fully Homomorphic Encryption, ou FHE). C’est une révolution : les données chiffrées peuvent désormais faire l’objet de calculs complexes, sans jamais être déchiffrées.

 

 

De quoi parle-t-on exactement ?

Le chiffrement homomorphe se distingue des schémas classiques par une propriété singulière : il permet de réaliser des opérations sur les données chiffrées, les résultats de ces opérations étant eux-mêmes chiffrés. Une fois déchiffrés, ces résultats correspondent à ce qu’auraient produit les mêmes opérations sur les données en clair.

Il existe plusieurs variantes :

  • Homomorphie partielle : permet une seule opération (addition ou multiplication). Exemple : RSA (multiplicatif), Paillier (additif).
  • Homomorphie limitée : autorise un petit nombre d’opérations combinées.
  • Pleinement homomorphe : autorise un nombre illimité d’additions et de multiplications.

C’est cette dernière catégorie, introduite par Gentry, qui permet d’envisager des usages intensifs comme le dépouillement d’une élection intégralement chiffrée.

 

 

Un atout stratégique pour le vote électronique

Appliqué au scrutin, le chiffrement homomorphe change radicalement les règles du jeu. Dès qu’un vote est exprimé, il est immédiatement chiffré sur le terminal de l’électeur. Il pourra ensuite être stocké, transféré, comptabilisé… sans jamais être révélé.

  • Confidentialité totale : Le vote reste chiffré du début à la fin. Aucun acteur – pas même l’administrateur de la plateforme – ne peut accéder à son contenu. Ce mécanisme offre une garantie absolue de secret du vote, indépendamment du lieu, du réseau ou du terminal utilisé.
  • Intégrité renforcée : Comme les calculs sont effectués directement sur les votes chiffrés, toute tentative de manipulation ou d’altération serait immédiatement détectable. Le système ne peut produire que des résultats valides.
  • Dépouillement vérifiable : Une fois l’élection terminée, seul le résultat global est déchiffré à l’aide de clés de dépouillement détenues par plusieurs acteurs (souvent via un système de partage de secret). Ce dépouillement peut être accompagné de preuves mathématiques (preuves à divulgation nulle de connaissance) garantissant que les calculs ont été faits correctement.

 Chiffrement données

 

 

Des défis techniques encore à relever

Si les promesses sont fortes, la mise en œuvre reste exigeante.

  • Ressources informatiques : Les calculs homomorphes sont plusieurs ordres de grandeur plus coûteux que les calculs standards. Ils requièrent des machines puissantes et des optimisations spécifiques, en particulier lorsqu’il s’agit de traiter des milliers ou millions de bulletins.
  • Coût de mise en œuvre : Entre l’infrastructure, le développement logiciel et les audits de sécurité, le chiffrement homomorphe reste cher. Cela en limite l’adoption, bien que les coûts tendent à baisser grâce à la mutualisation (notamment dans le cloud) et aux progrès des bibliothèques spécialisées.
  • Expertise requise : Sa complexité mathématique impose une courbe d’apprentissage élevée. Le paramétrage, l’optimisation, et surtout la validation d’un système homomorphe sécurisé supposent des compétences pointues, encore peu répandues dans l’écosystème numérique traditionnel.

 

 

Faut-il vraiment choisir entre sécurité et efficacité ?

Il serait réducteur d’opposer le chiffrement homomorphe à d'autres approches de sécurisation. Dans les faits, les systèmes de vote robustes combinent plusieurs technologies :

  • Des preuves cryptographiques (ZKP) assurent que les bulletins sont bien formés.
  • Des protocoles d’authentification forte (Identité numérique, 2FA, WebAuthn) garantissent que seuls les électeurs légitimes peuvent voter.
  • Des dispositifs de vérifiabilité individuelle permettent à chacun de s’assurer que son vote a été correctement enregistré.
  • Et une vérifiabilité universelle permet à tous de recomposer les résultats à partir des preuves publiques.

Le chiffrement homomorphe est donc un composant essentiel, mais non exclusif, d’une architecture électorale moderne.

 

 

Et si on s’en passait ?

Certains systèmes de vote n’utilisent pas de chiffrement homomorphe. Mais ils doivent alors compenser par d’autres mécanismes (mix-nets, stockage ségrégué…). Cela peut suffire, mais au prix :

  • D’une complexité accrue,
  • D’une traçabilité parfois fragile,
  • D’une confiance moins naturelle pour les organisateurs et les électeurs.

L’un des avantages majeurs de l’homomorphisme, c’est de réduire la surface d’attaque en évitant d’avoir à "toucher" les votes sous forme déchiffrée. Cette propriété structurelle en fait le seul candidat actuel pour des scrutins où la confidentialité est non négociable.

 

 

Le chiffrement homomorphique constitue sans conteste l’un des socles les plus solides pour construire des élections électroniques dignes de confiance. Son adoption croissante dans les plateformes les plus exigeantes – comme celle de People Vox – témoigne d’une tendance de fond : celle d’une sécurisation rigoureuse, mathématiquement démontrable, du processus démocratique numérique.

À mesure que les technologies s’industrialiseront et que les coûts baisseront, le chiffrement homomorphe pourrait bien devenir la norme plutôt que l’exception. Une norme invisible pour les électeurs, mais cruciale pour préserver ce qui fait le cœur d’une démocratie : le secret, la liberté et la sincérité du vote.

 

 

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